Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La débâcle des horizons

Ajami, mon ami, tu veux mon point de vue ?

Les films sont faits pour raconter des histoires.  Certains diront qu’ils racontent tous la même histoire. C’est bien possible.  Alors pourquoi continuer à faire des films et pourquoi continuer à en voir ? Parce que, parfois, il y a de bonnes surprises. Ajami en est une.  Encore un film, se dit-on, sur le conflit israélo-palestinien. Oui, c’est un peu cela aussi, Ajami. Ou plutôt un récit, un polar même, qui se déroule sur les lieux de cette sale histoire commencée en 1947. Mais Ajami, le film (c’est le nom d’un quartier de l’agglomération de Jaffa- Tel Aviv) ne raconte pas le conflit, il vit au milieu.

Difficile aujourd’hui d’inventer de nouveaux récits.  On imagine facilement que ce qui pourrait sauver le cinéma se trouve plus dans de nouvelles forme de récit que dans les technologies avancées.  Les nouvelles techniques nous emportent vers autre chose que du cinéma.

ajami1.jpgajami2.jpg

                                                                                 Pour voir le trailer, cliquer sur le revolver

Ajami tord le cou au récit linéaire. Ce n’est pas un simple effet de style, pas une astuce pour tenter  de rendre le film plus « intelligent ». C’est l’histoire, les histoires, qui veulent ça. Très révélateur de l’époque. On ne sait plus vivre simplement. On change de point de vue en fonction de son interlocuteur. On mène plusieurs vies. On fait dix mille trucs en même temps. 

Dans ce film israélien, sorte de polar à la Coppola, ça fonctionne plutôt bien. Tout est crédible, les personnages sont vrais et nous, petits spectateurs, sommes en immersion du début à la fin. La structure du récit y est pour beaucoup. En milieu de film on est juste un peu perdu, ce qu’il faut. Well done my dear !

En sortant de la projection, j’ai repensé à deux films très proches dans la forme. En fait quatre films, puisque « Un couple épatant » « Cavale » «  Après la vie » est une trilogie. Lucas Belvaux, notre ami belge, a réussi une expérience unique dans l’histoire du cinéma. Trois films, trois histoires qui se mêlent, se croisent sans jamais vraiment se rencontrer. Juste des personnages communs, des scènes communes. Une comédie romantique, un thriller politique et, ce qu’on pourrait appeler un mélodrame. Contrairement à ce qu’avait dit Belvaux à la sortie du film, je soutiens qu’il est préférable de voir les trois films dans l’ordre.  Séparément chacun de ces opus apparait comme un bon film, sans plus. Mais dès le deuxième, on sent qu’il se passe quelque chose …. et l’aventure commence.  On croit tout savoir d’une scène parce qu’on l’a déjà vue. On se croit fort, on est sûr de soi. Que nenni ! Faites l’expérience, achetez le coffret et épatez vos amis en les invitant à une soirée DVD à la maison !!

 couple-copie-1.jpgcavale.jpgaplvie.jpg

                                  Pour voir le trailer, cliquer sur le bol bleu (photo du milieu)

Le deuxième film, enfin … le quatrième. Mais qui n’a rien à voir avec les trois précédents, qui n’en font qu’un, vous me suivez, là ? … je disais donc le second exemple, qui est en fait le troisième, si on compte Ajami, est un film tourné pour Arte en 2003. Le bouleversant Dissonances de Jérôme Cornuau repose à la fois sur les solides épaules  du grand Jacques Gamblin et sur un double point de vue. Là aussi la chronologie linéaire est mise à mal et  certaines scènes sont vues deux fois.  DVD en vente dans toutes les FNAC.

dissonances2.jpgdissonances1.jpg

                 Pour voir la bande annonce d'Arte, cliquer sur le volant de Nat (Jacques Gamblin)

Dans ces trois cas (ces cinq films, donc), il ne s’agit pas d’un simple procédé,  d’un  tour de passe-passe dont Lelouch a abusé si souvent jusqu’à l’écœurement.  La structure du récit est le fondement même du film. La multitude des regards, des points de vue sur l’histoire. Pour le même  film, le même événement, le même spectacle, il y a autant d’interprétations et de vérités qu’il y a de spectateurs, de témoins.

Une fois encore, j’ai l’impression de ne pas avoir été très clair. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Aller voir ces films ! Ajami entame sa deuxième semaine en salle, ne le loupez pas. Les deux autres sont dispos en DVD. Ajoutez vite votre propre regard à tous ces points de vue.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article