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La débâcle des horizons

Tonton Boonmee à Tibehirine

                                                             double étage

Combien y a-t-il de plans dans Uncle Boommee ? Aucune idée. Je ne les ai pas comptés. Sans doute beaucoup moins que dans la plupart des films qui sortent chaque mercredi. Le phénomène d’accélération générale du monde dans lequel nous vivons n’a pas épargné le cinéma. La rapidité avec laquelle les plans, eux-mêmes de plus en plus courts, s’enchaînent ne permet plus au spectateur de prendre son destin en main. Il est pris dès le début du film par une poigne dictatoriale qui l’entraîne dans un tourbillon d’images et de sons pour le laisser KO au terme de l’histoire. Et plus il est KO, plus il semble content. Space Moutain. Mais doit-on systématiquement  opposer le film narratif au cinéma sensoriel ? Deux films qualifiés de lents sont sortis coup sur coup, deux films primés à Cannes. Deux films dont les histoires qu’ils nous racontent provoquent en nous de drôles de sensations. Des Hommes et des dieux de Xavier Beauvois et Uncle Boonmee de Apichatpong Weerasethakul. Deux films qui respirent et qui nous laissent respirer. Je les ai vus le même week-end et je me suis dit le dimanche en me couchant que finalement il y avait sans doute encore de bonnes choses à venir pour le cinéma. Je revendique le droit à l’ennui pendant les films. Quand je vais au cinéma ce n’est pas forcément pour avoir l’impression de faire une course contre la montre. Je revendique le droit de penser à d’autres choses pendant la projection, vaquer à d’autres préoccupations pour mieux revenir au film. Un film vivant est fait de temps forts et de moments de respiration. Il est vrai Boonme2qu’aujourd’hui, il faut vivre de plus en plus vite et de plus en plus fort. Ne nous imposons pas le même rythme au cinéma. Rien ne nous y oblige. Préservons ce privilège de temps suspendu. L’heure et demi que nous passons au cinéma est bien un temps de vie, un vrai moment d’existence. La parenthèse fait partie du texte. Le cinéma permet de rester attentif sur la vie, l’observer, tout en gardant ses distances. Je finirai par ma blague Carambar préférée : le cinéma ne serait rien si la vie n’existait pas.

                                                                                 

           après avoir vu Tonton Boonmee, toutes les forêts ressemblent à la jungle thaïlandaise ...

Boonme 1

Voir aussi: Weerasethakul réveille la Croisette avec des esprits et des revenants.

                     Weerasethakul, une forme primitive de cinéma ?

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