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La débâcle des horizons

La Nouvelle vague nous appartient

Pas un journal, une revue qui ne célèbre les 50 ans de la Nouvelle vague en posant l'inévitable question: qu'en reste-t-il ? Vieux débat, vieille discussion de comptoir pour ceux qui veulent refaire le monde du cinéma. Début des années 80, c'était déjà le sujet écrit de l'examen de passage en seconde année lorsque j'étais étudiant au Conservatoire Libre du Cinéma (16/20, tout de même ...). J'ai toujours pensé que cette courte période de l'histoire du cinéma avait été un des derniers soubresauts de ce qui a été considéré, à tort ou à raison, comme un art. 7ème du nom.
Avec ces films que j'ai véritablement découvert qu'il existait d'autres formes de récits filmiques que ceux que j'ingurgitais chque dimanche soir devant le poste de télévision familial.
Belmondo a été un fantastique passeur d'un cinéma l'autre. Si je faisais inconsciemment la différence entre un Verneuil et un Melville, je ne pouvais pas imaginer qu'il puisse exister un autre Belmondo, libre, presque sauvage. Celui que j'ai découvert dans
Pierrot le fou, un soir de ciné-club sur la deuxième chaîne de notre écran (encore) noir et blanc, m'a fait  perdre tous les repères que j'avais mais m'a, dans le même coup, ouvert des horizons que je n'avais jamais imaginés. Ce film, que je n'ai sans doute pas pu apprécier correctement (petite télé noir et blanc pour un film en scope où l'utilisation de la couleur est importante, âge un peu juste du petit spectateur pour entrer dans l'histoire) ... ce film, je disais, m'a fait l'effet d'un grand souffle d'air frais déstabilisant à souhait.
A partir de là, j'ai ramé à contre courant, remonté le cours de l'histoire pour arriver aux films de la Nouvelle vague.
Pierrot est né en 1966 et Les 400 coups datent de 1959. Avec ces films j'ai eu l'impression de commencer ma vraie carrière de spectateur. De passer du statut d'amateur à quelque chose de plus sérieux, plus officiel. Je me suis goinfré, j'étais dedans jour et nuit. J'habitais en plein Montparnasse, rue Delambre, là où la Cléo de Varda va au cinéma, à deux pas de la rue "Première Campagne". A trois minutes du jardin du Luxembourg où j'ai passé des journées entières à lire et à rêver aux films que je venais de voir, à ceux que je n'avais pas encore vus et à tous ceux que je ne ferai jamais.
Des années d'existence m'ont obligé à prendre du recul par rapport à cette période bouillonnante et à toutes ces histoires quasi mythiques. Et puis Pialat est venu s'intercaler entre eux et moi.
J'ai revu dernièrement
Paris nous appartient. Ce n'est plus la même chose. Aujourd'hui quand je vois un de ces films, je regarde les voitures, les objets, la façon de parler, de s'habiller de l'époque. J'éprouve encore beaucoup de plaisir, mais il est différent. Il y a de la nostalgie en plus. Nostalgie: du grec nostos / retour et algos / douleur.  J'ai un regard d'historien. J'ai trop de recul. Je suis à côté, plus dedans. J'habite toujours le 14ème mais à deux pas de la banlieue. Mes préoccupations sont différentes. Quand il m'arrive de traverser le Luxembourg, je m'aperçois que la magie ne fonctionne plus, que tous les garçons ne s'appellent pas forcément Patrick et que ça fait belle lurettes que Charlotte a quitté son Jules. Les journalistes ont déjà préparé la nécro de Pierrot-Ferdinand. Mais tout de même ... quel souffle ces jeunes bobos d'il y a cinquante ans ont su amener au cinéma français... Je crois qu'il n'en reste pas grand chose. Leur influence n'a pas toujours été très bonne, on a cru que le cinéma était chose facile ... erreur fatale. Le cinéma n'existe plus aujourd'hui.
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