24 Mai 2012
Suffit-il de poser sa caméra au coin d’une rue animée, de la faire tourner* et d’attendre du mouvement pour créer de la fiction ?
Je réponds oui. A deux conditions :
-Que le filmeur ait pris du temps pour regarder, « sentir » ce coin de rue, comprendre ce qui s’y passe, choisir son point de vue. Ne poser sa caméra que lorsqu’il est certain d’avoir trouvé son « propre regard », ses propres limites. Ensuite, le hasard peut jouer à l’intérieur des parenthèses personnelles qu’il impose.
- L’autre condition dépendrait en grande partie du spectateur. Est-il curieux ? A-t-il envie de se servir de son imagination ? A-t-il envie de rentrer dans la combine que le filmeur lui propose ?
La fiction ne demande qu’à exister.
En 1976 John Smith a réalisé un film d’une dizaine de minutes dans une rue animée de Londres.
Girl Chewing Gum. Réjouissante expérience !
Il a juste filmé ce qui s’y passait. La caméra n’est pas forcément fixe, elle suit aussi les mouvements des « personnages », se retire, se rapproche, panoramique de droite à gauche. Une voix prédit les évènements, donnent des ordres aux passants. On est dans la fiction pure.
*Le terme est inapproprié. Aujourd’hui plus rien ne tourne à l’intérieur de nos petites caméras, ni pellicule, ni bande magnétique. C’est magique.
Ce film est actuellement projeté en marge de l’expo photo Chris Killip au Bal (Paris)
http://www.le-bal.fr/fr/mh/les-expositions/chris-killip/
Voici ce film en version YouTube. Piètre qualité de l’image. Allez donc le voir ensuite dans la petite salle du Bal.